Un étranger décédé de fièvre catarrhale

L’an dix-huit cent quatorze, et le vingt-et-un février à quatre heures de l’après-midi, par devant nous Claude Joseph HUGARD, maire de la commune de Cluses, arrondissement de Bonneville, département du Léman s’est présenté le nommé BAJULAZ Jacques, laboureur, domicilié de cette commune, lequel nous à déclaré qu’un étranger habitué à prendre l’hospitalité chez lui connu sous le nom de Claude des Paniers, se disant de Tarentaise, vannier de profession, âgé d’environ septante ans, dont il ignore le nom de famille, le lieu de naissance, et celui du domicile, est décédé le jour d’hier, à quatre heures de l’après-midi, en sa maison, lieu dit à la Maladière, hameau de cette commune, par suite de maladie, qui lui est survenue vendredi, dix-huit du courant ; que cet individu à séjourné quatre jours chez lui avant sa maladie ;

Le dit BAJULAZ a en outre déclaré que le Sieur VANWELESENAER, docteur chirurgien, l’avait visité, et que Monsieur le vicaire s’était rendu auprès de lui pour y exercer son ministère. En conséquence nous avons fait comparaître par devant nous le dit Sieur VANWELESENAER, et pour remplir les mesures de prévoyance qui peuvent être à notre disposition, nous l’avons interpellé de nous déclarer s’il avait visité le susdit individu aux fins de le soigner ; et de nous dire le genre et l’espèce de maladie dont il était atteint ; il nous a répondu qu’effectivement allant un jour à Magland, il passa chez ledit BAJULAZ à la Maladière, pour y demander un traineau, que là il y trouva un étranger dangereusement malade qu’on lui dit être Claude des Paniers, qu’il s’empressa de le visiter pour reconnaitre sa maladie et lui prodiguer, par charité, tous les soins qui pouvaient être en son pouvoir, et que d’après sa visite il avait reconnu que cet homme était atteint d’une fièvre catarrhale inflammatoire du plus mauvais caractère, qu’au reste, le malade se trouvant déjà privé de toute espèce de connaissance, il n’avait pu obtenir aucune réponse aux différentes questions qu’il lui fit ; de plus a comparu, par devant nous, Monsieur FALIONET, vicaire, de cette commune qui, interpellé de nous donner les renseignements qu’il aurait pu se procurer sur les nom, lieu de naissance et domicile de cet étranger, en se transportant auprès de ce dernier pour y remplir les fonctions attachées à son ministère, nous a déclaré qu’il lui avait proféré quelques paroles si confuses qu’il n’avait bien pu les comprendre et qu’il n’avait rien appris sur sa situation ni sur celle de sa famille. D’après ces déclarations nous maire susdit avons dit et ordonné que le présent procès-verbal contiendrait la description des habillements du décédé et son signalement pour servir au besoin, et serait, en outre, annexé aux registres de l’Etat Civil de cette commune. Lesdits Sieurs VANWELESENAER, et FALIONET, ont signés avec nous et non ledit BAJULAZ pour ne savoir écrire.

Signalement

Front haut et découvert,
yeux gris.
Sourcils châtain
Nez moyen
Bouche large
Menton rond
Cheveux noirs grisaillés
Visage long
Barbe grise
Taille cinq pieds

Habillement

Veste et culotte
Couttes de gros
draps blancs
du pays.
Chapeau à trois
cornes.